Zones expérimentales d'Orcival, Landeyrat et Lugarde/Marchastel | ![]() |
L'INRA en étroite collaboration avec les GDON et les agriculteurs des communes de Landeyrat, Lugarde-Marchastel et Orcival a testé, en condition d'exploitations agricoles et à l'échelle d'un territoire, la mise en œuvre des principes de la lutte raisonnée.
L'objectif était d'apporter des réponses techniques sur l'efficacité de la lutte, des informations pour son organisation pratique et des bilans globaux à la fois sur les bilans fourragers (quantité et qualité des fourrages) et l'organisation du travail.
Landeyrat | Lugarde-Marchastel | Orcival | |
Département Altitude Sol Composition de la SAU Superficie ha %Bois %Fauche %Pâture |
Cantal 1100-1200 Volcanique Pâturages 2000 - 20 80 |
Cantal 1000-1100 Volcanique Fauche/Pâture 1500 - 40 60 |
Puy-de-Dôme 1000-1100 Volcanique Bois/Fauche/Pâture 1300 20 30 50 |
Pullulations de cam |
FORTE | FAIBLE |
MOYENNE |
L'application de la lutte précoce a été adaptée aux objectifs des systèmes d'exploitation de chaque commune : « système laitier avec ensilage » pour la commune d'Orcival ; système « laitier et allaitant avec enrubannage et foin » pour Lugarde-Marchastel, et système « allaitant et laitier en zone d'estives » pour Landeyrat.
Ces différences d'objectifs ont en effet des répercussions importantes sur l'état des prairies, indépendamment de l'action des campagnols. Ainsi, à Landeyrat (à vocation d'estive), les surfaces à très faibles densités de taupinières ne représentent que 20 % de la surface des prairies de fauches. À Orcival (à vocation d'ensilage), elles représentent 80 %.
La 1ère étape de la lutte précoce est la détection du campagnol. Les échantillonnages sont réalisés en avril (fin d'hiver), en juillet (après la 1ère coupe) et en octobre. Leur résultat permet d'établir des cartes d'infestation par commune et par période.
En Auvergne, l'étude a débuté en phase de faible densité (2001-2002) et s'est achevée pendant la phase de déclin (en 2007 pour les 3 communes).
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Les prairies de fauche plus touchés par le campagnol terrestre sur Landeyrat |
L'analyse de ces cartes déclenche la seconde étape : la lutte elle-même. Elle est organisée par blocs de parcelles ; par exemple un « bloc de fauche » constitué d'un groupe de prairies de fauches isolées, soit par des pâtures, soit par des zones humides. En phase de démarrage et pour de faibles niveaux de population, le traitement au PH3 (simultanément toxique pour les taupes et les campagnols) est privilégié du fait de la présence des campagnols dans les réseaux de taupes (exception faite des périodes sèches au cours desquelles le PH3 ne peut être utilisé). En règle générale, les niveaux et distributions des populations ont conduit à traiter les parcelles en plein avec des appâts blé-bromadiolone à raison de 20 kg/ha. Ponctuellement, et en période estivale, le traitement a été réalisé par tache.
Le plan d'intervention a été élaboré par l'unité expérimentale de l'Inra de Marcenat et présenté aux présidents de groupement de défense, aux élus et aux agriculteurs. Les observations ont été réalisées par les techniciens de l'INRA, ainsi que le stockage et la distribution des appâts. Les traitements ont été réalisés par les agriculteurs, en période favorable, en général au printemps.
Sur les 3 communes, seules quelques parcelles de fauche non traitées ont subi des dégâts importants (note d'engazonnement inférieure à 2/5). Elles représentent environ 20 ha par commune et ont été semées ou se sont régénérées naturellement. Les autres parcelles, avec des notes supérieures à 2/5, ont conservé leur capacité à se régénérer naturellement. À titre de comparaison, à Landeyrat, lors de la pullulation précédente (1998-2000), la majorité des parcelles de fauche et une partie des pâtures (environ 700 ha sur 2000) avaient été fortement touchées. Il faut toutefois remarquer que la pullulation 2004-2005 était d'intensité moyenne, plus faible que celle de 1998-2000.
Sur les 3 communes, compte tenu des conditions climatiques relativement défavorables et comparées aux dégâts supportés pendant les pullulations précédentes, les pertes de fourrages ont été faibles. À Orcival, un ensilage de qualité est resté possible.
Durant la phase de pullulation (3 à 4 ans), la quantité cumulée d'appâts-blé utilisée est de 6,7 tonnes à Landeyrat, 5 à Lugarde Marchastel et 8 à Orcival (soit en moyenne un total de 320 g de bromadiolone par commune pour une surface de 550 ha de fauche/commune, ou encore 0.14 g par ha/an. Pendant toute la période des traitements, aucun incident sur la faune sauvage n'a été signalé.